Pierre Dugua de Mons, premier colonisateur du Canada, est né vers 1560 au
Château de Mons, à
Royan ; il meurt en
1628.
Il est issu d'une vieille famille noble de Saintonge. Sa date de sa naissance est inconnue, mais se situe probablement entre 1540 et 1563. Son père est Guy Dugua et sa mère Claire Goumard.
Pierre Dugua est marqué durant son enfance par les guerres de religion, auxquelles il prend part au côté du roi protestant Henri de Navarre, le futur roi catholique Henri IV de France.
Bien que de la religion réformée, Dugua de Mons se maria avec une catholique, Judith Chesnel, appartenant à une famille noble, de la seigneurie de Meux, près de Jonzac. Ils n'auront pas d'enfant.
Pour réussir l'établissement d'une colonie française en Amérique
En
1599, Pierre Dugua de Mons vend à son voisin, François Videgrain sieur de Belmont, presque toutes les terres qu'il possédait dans le marquisat de
Royan et les environs. Il investira le tout dans des entreprises soi-disant commerciales mais qui, en réalité, seront des entreprises de colonisation.
La même année, il se rend fonder le Comptoir de Tadoussac (au Québec actuel) avec son ami Pierre Chauvin de Tonnetuit.
En 1603, Henri IV nomme Pierre Dugua son « Lieutenant général en Amérique septentrionale », et lui accorde le Monopole de la Traite des fourrures, pour compenser les frais d'établissement d'une colonie à cet endroit.
En 1604, Dugua organise une expédition qu'il conduit en personne au sud est du Canada, où il est accompagné de Samuel Champlain, qui y participe en tant que géographe et cartographe, explorateur, et de Jean de Poutrincourt .
Vers l'Île Sainte-Croix
Aucune femme ni enfant ne fera partie de cette expédition devant durer plusieurs années, car tout est nouveau, il faut choisir l'endroit puis en éprouver les conditions d'accueil : qualité du sol, du climat, des relations avec les autochtones, … En
1604, Dugua installe cette première colonie en
Acadie, sur l’île Sainte-Croix, dans le fond de la
Baie française. Mais l'hiver terrible enduré par ces premiers colons le conduit, au mois d’août
1605, à transférer la colonie sur un site plus approprié, que
Champlain et
Gravé-Dupont avaient repéré : ce sera Port-Royal, un lieu protégé des vents du nord-ouest et situé sur un lagon sis à l'est de la Baie française (aujourd'hui dans la vallée dite d'
Annapolis, en
Nouvelle-Écosse, près de Digby).
Cependant, les plaintes continuelles des autres marchands, privés du commerce des fourrures, amèneront Henry IV à suspendre ce monopole commercial accordé à Dugua.
En 1607, donc, tous doivent retourner en France, où Dugua était revenu deux ans auparavant pour faire rapport et tenter d'empêcher cette fâcheuse issue. Il ne reviendra plus jamais en Amérique, mais continuera à investir (à fonds perdus) pour y établir une colonie française.
Il nomme Champlain son lieutenant sur « la Grande Rivière de Canadas »
L'année suivante, ayant obtenu, mais pour un an, une reconduction de ce monopole (seul moyen pour financer une colonie puisque le roi n'accordait aucune subvention), Pierre Dugua sera l’instigateur et le financier de la vaste entreprise, plus au nord, qu'il confie à
Samuel Champlain, dès lors son lieutenant en
Nouvelle-France : fonder sur
la Grande Rivière de Canadas, à l'endroit que ce lieutenant trouvera le plus approprié, un premier poste de colonisation. Ce site, choisi par Champlain, sera
Québec, qu'il fonde en
1608.
Retenu en France
En
1612, la reprise de l'antagonisme entre catholiques et protestants, après l'assassinat d'
Henri IV, durant la régence de
Marie de Médicis, obligeront Pierre Dugua de Mons à renoncer à son titre de
« Lieutenant général pour la Nouvelle-France ».
Il sera Gouverneur de Pons, de 1610 à 1617.
Il meurt en 1628 au château d’Ardenne à Fléac-sur-Seugne.
Un débat d'historiens : Dugua co-fondateur de Québec ?
Dans les années 1990 et 2000, un débat d'historiens a émergé pour disputer si Dugua de Mons pouvait mériter le titre de co-fondateur de la ville. L'historien
Marcel Trudel affirme que sans Dugua de Mons, la fondation de la ville aurait été impossible. De son côté, l'historien Gaston Deschênes trouve qu'il est réducteur de vouloir réduire la place historique de Champlain.
[#]Citations
- « Au moment où tout semblait perdu pour la France en Amérique, c'est à Pierre Dugua que la Nouvelle-France doit sa survie. » - Jean Glénisson
- « Sans de Monts, on peut présumer qu'il n'y eût pas eu de Champlain. » - Marcel Trudel
- « Rendre à Dugua de Mons l'hommage auquel il a droit ne porte aucunement ombrage à Champlain. Tout au contraire il est encourageant de voir la parfaite entente de ces deux hommes, l'un catholique et l'autre protestant, en vue de la création de Québec, cause qui leur tient à coeur autant à l'un qu'à l'autre. C'est ensemble qu'ils triompheront de la terrible coalition d'intérêts de marchands rivaux qui s'opposera à leur destin. » - Maxime le Grelle s.j., ancien curé de Brouage
Bibliographie sommaire
- patrick Giro "Pierre Dugua de Mons,fondateur de l'Acadie, et cofondateur avec Champlain de Quèbec".édit. Le Cri de la Mouette,(1999) 32 pages d'une bd historique,
- Guy Binot, Pierre Dugua de Mons, gentihomme royanais, premier colonisateur du Canada, lieutenant général de la nouvelle-France de 1603 à 1612; Édit. Bonne anse, Royan, 2004, 267 pages.
- Marie-Claude Bouchet, Naissance de la Nouvelle-France, Pierre Dugua de Mons; Société du Musée de Royan, 1999.
- Jean Glénisson, La France d'Amérique; Imprimerie nationale, Paris, 1994.
- Jean-Yves Grenon, Pierre Dugua de Mons, et les fondations de L'île Sainte-Croix, Port-Royal et Québec (1604-1612); Société historique de Quebec, 2005, 40 p.
- Jean Liebel, Pierre Dugua, sieur de Mons, Le Croît vif, 1999.
- Eric Thierry, La France de Henri IV en Amérique du Nord. De la création de l'Acadie à la fondation de Québec; Edit. Honoré Champion, Paris, 2008, 502 p.
Liens externes
Références